Discutons des changements climatiques

Isaac Cordal, "Follow the leaders," Berlin, Germany, April 2011
Isaac Cordal, “Follow the leaders,” Berlin, Germany, April 2011

Vous l’avez vu, cette image de politiciens qui discutent des changements climatiques? Cette image m’a beaucoup marquée quand je l’ai vu pour la première fois, partagée sur Facebook; elle a ressurgie d’un coup quand je me suis retrouvée la semaine dernière en bottes de pluie au milieu d’une rue inondée de mon district, qui ressemblait davantage à une rivière.

Depuis mon élection en 2013, j’ai assisté de mon propre gré à des conférences sur les changements climatiques, sur les infrastructures naturelles et sur la résilience des villes. Les documents produits par les instances municipales, provinciales et fédérales sont bourrés de mots-clés et de mots-clics: changements climatiques, réchauffement planétaire, atténuation, mitigation, résilience, COP21. Mais sommes-nous réellement prêts pour “affronter” les changements climatiques et les incidents extrêmes que ceux-ci entraîneront?

À en juger par les récentes inondations, force est de constater que nous avons été pris plutôt par surprise. Malgré les cartes des zones inondables (passées date) et le plan d’adaptation aux changements climatiques de l’agglomération de Montréal 2015-2020 (joli document), la rivière est passé par dessus ses berges, par dessus nos digues inadéquates, jusqu’à dans nos rues et dans nos sous-sols.

Une adaptation plutôt qu’une lutte

Dans une situation de conflit, il est raisonnable de penser qu’on peut lutter; dans la présente situation, celle des changements climatiques, le moment de lutter est passé depuis longtemps. Les émissions des GES qui contribuent aux impacts ressentis aujourd’hui ont été émises depuis des décennies; celles qu’on continue à émettre ne feront qu’accentuer les impacts futurs.

Oui, on peut continuer à lutter contre la dégradation de notre environnement et contre les émissions des GES; mais en ce qui concerne les changements climatiques, nous n’avons d’autre choix que de s’adapter. Cette adaptation doit passer par une prise de conscience collective que les événements qu’on considère rares et extrêmes vont devenir des plus en plus fréquents. Il ne suffira plus d’évaluer un risque par rapport au passé: nous devrions nous fier sur les scientifiques, ces avant-coureurs de la tempête, pour produire de nouveaux modèles prédictifs, incluant des cartes de zones inondables et de zones vulnérables aux crues, aux pluies abondantes et aux tempêtes destructrices.

Planifier pour un avenir qui rompt avec le passé 

La planification de notre aménagement du territoire et de nos infrastructures est basée sur des modèles développés dans un contexte qui n’est plus d’actualité. Nos infrastructures doivent être plus résilientes; nous devons également conserver férocement ce qui nous reste d’infrastructures naturelles, dont l’utilité essentielle en matière d’atténuation des impacts est nouvellement reconnue.

Dans notre planification du territoire, en matière de zonage et d’aménagement, le risque environnemental de permettre une construction en zone inondable, ou encore de remblayer un milieu humide afin d’y permettre le développement immobilier doit non seulement être pris en compte, mais doit guider nos décisions.

Le projet de loi 132 concernant la conservation des milieux humides et hydriques fixe un objectif d’aucune perte nette de ces milieux. Dans certains cas, comme celui de l’île de Montréal ou 85% des milieux humides sont déjà disparus , la solution ne pourra pas être déplacée ailleurs, en compensation pour la destruction d’un rare milieu humide existant. Ce qui reste doit être conservé. S’il y a une leçon à apprendre des récentes inondations, c’est bien celle-là.

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