Le cynisme ambiant qui tue un positivisme bourgeonnant

soirée électorale
Soirée électorale, 3 novembre 2013. This is what mutual empowerment looks like.

J’étais déçue de lire hier matin, dans les pages du journal La Presse, l’éditorial de Paul Journet qualifiant de “La cynique” une femme qui est passée proche d’être la première mairesse de Montréal.

Après avoir fait campagne à ses côtés à l’automne 2013, j’ai constaté à quel point Mme Joly est une femme déterminée et travaillante. Elle s’est impliquée à fond pour atteindre son objectif de briguer la mairie de Montréal et d’apporter à la Ville un souffle de renouveau.

Suite à sa défaite électorale, les médias n’avaient qu’une question pour Mme Joly: «Est-ce que vous vous engagez à rester en politique municipale jusqu’en 2017?». Question complètement ridicule. Qui de nous peut s’engager publiquement à dire qu’on ne bougera pas pour les quatres prochaines années? Quatre longues années à regarder le débat de loin. Assise dans les tribunes des journalistes durant les longues soirées du Conseil, Mélanie Joly s’est finalement rendue à constater que sans un siège au Conseil, sans voix ni vote, elle n’était plus en mesure de guider son parti. C’est dans l’émotion qu’elle a annoncé à son caucus sa décision de quitter la chefferie du parti. Et malgré ceci, sur toutes les tribunes publiques, on continuait à lui exhorter un engagement.

Une jeune femme brillante en plein essor, en pleine possession de ses moyens, à qui on demande de s’asseoir sur ses mains et de regarder faire le maire en attendant son tour. Qui accepterait de se faire menotter ainsi? Certainement pas l’ancien chef de l’opposition Richard Bergeron qui, après avoir annoncé son départ de la politique suite à sa défaite électorale, a finalement changé d’idée pour demeurer Conseiller de Ville. Puis, changeant son fusil d’épaule à peine un an après les élections, M Bergeron est accueilli au Comité exécutif de la Ville par son ancien adversaire. Se pourrait-il qu’il y existe toujours un double-standard en ce qui concerne les hommes et les femmes politiques et leur traitement médiatique?

Et pas juste des femmes, mais de tous ceux, moins certains, nouveaux ou différents des modèles traditionnels qui souhaitent prendre leur place eux aussi dans la sphère publique.  Ceux qui n’ont pas toujours toutes les réponses. Ceux qui participent de façon peut-être désorganisée, mais passionnée. On aime dire que les politiciens ont la langue de bois, mais le risque de celle ou de celui qui voudrait s’exprimer ou se laisser paraître autrement est encore très grand, trop grand.

Comment évoluer donc du cynisme vers le positivisme? D’abord, en s’ouvrant à d’autres voix. Des voix de la jeunesse, des voix féminines, des voix de la diversité sociale, politique, éthnique et économique. Ensuite, en accordant à nos figures publiques la permission de ne pas tout savoir, parfois d’échouer et même de changer d’idée.

Il y a de bonnes nouvelles à Montréal. Nous avons un maire, enfin, qui n’est ni aveugle ni corrompu. Qui, semblerait-il, fait bien les choses. Nous avons aussi une opposition bien vivante, qui continue à surveiller l’administration en place et à faire progresser la démocratie. Le legs de Mélanie Joly sera d’avoir instauré une nouvelle option politique. Un parti au sein duquel chacun a le droit de s’exprimer et de voter librement. Un parti dont les élus sont habilités à réaliser leurs projets et visions, parfois divergentes.

En ce qui concerne l’avenir de Mme. Joly, je ne peux que la remercier d’avoir servie de pionnière et de modèle et lui souhaiter bonne chance dans tout ce qu’elle souhaiterait entreprendre par la suite.

 

 

 

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2 Replies to “Le cynisme ambiant qui tue un positivisme bourgeonnant”

  1. Vous avez parfaitement raison et j’abonde dans le même sens de votre propos. Mme Joly est une femme intelligente et de talent. Elle possède toutes les qualités pour un jour être élue première ministre de notre pays.

  2. J’aime beaucoup Mme Joly, mais je trouve dommage qu’elle semble se diriger vers une campagne politique avec une langue de bois comme celles qui affectent la majorité des politiciens. Je l’ai entendu à l’émission de Paul Arcand et elle n’a pas répondu a la question de M. Arcand sur le port du niqab lors de l’assernentation pour devenir citoyenne canadienne, patinant allègrement, comme il se doit. Aussi, il n’y a pas si longtemps, Mme Joly ne jurait que pour la politique municipale. Elle l’a dit à maintes reprises. Mais la politique et les politiciens sont ce qu’ils sont. Pas de surprise ici.

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