Il y a un peu plus d’un an aujourd’hui que j’ai appris que contre tout espoir j’avais gagné mon siège comme Conseillère de la Ville de Montréal dans le district du Bois-de-Liesse de l’arrondissement Pierrefonds-Roxboro. Je fais aujourd’hui un retour sur cette première année; sur ses moments de gloire et de défis, et surtout sur mes apprentissages.
Je crois profondément que si l’on a une passion, un talent particulier, nous avons le devoir de partager cette passion ou ce talent avec notre communauté; sinon, nous n’avons pas à critiquer le leadership de ceux qui se mettent de l’avant pour nous diriger. Mes expériences de parent me l’ont démontrées à maintes reprises, que ce soit dans la musique, le sport ou l’éducation générale de nos enfants. J’étais et je suis profondément reconnaissante de ceux qui partagaient et qui partagent encore avec les membres de notre communauté leurs talents et passion en donnant généreusement de leur temps. Et je me suis souvent mordue la langue en voulant critiquer nos élus municipaux: après tout, n’étant pas moi-même impliquée en politique municipale, je me trouvais bien mal placée de les critiquer.
C’était dans la foulée de la dégringolade de l’administration Tremblay-Applebaum avec la Commission Charbonneau en toile de fond que j’ai enfin décidé de faire le grand saut en politique municipale avec mon mari, Jean Karim Metwalli, un homme d’idées et de passion. Le destin a fait en sorte que je gagne mon siège et pas lui, résultat que nous n’avions alors pas du tout envisagé, pensant (à tort) que nous serions élus ou non tous les deux. Il fallait donc que j’apprenne, et rapidement, à voler de mes propres ailes, à générer mes propres idées et à défendre mes propres opinions. La formation politique avec laquelle nous avons choisi de nous allier, le Vrai Changement pour Montréal, était menée par Mélanie Joly, une jeune femme qui avait l’audace et aussi la confiance de laisser beaucoup de liberté d’expression à chacun de ses membres. Contrairement aux défis auxquels peuvent faire face certains vieux partis, ancrés depuis longtemps dans leurs idéologies et leurs structures décisionnelles, notre parti était encore en gestation. La porte était donc ouverte à toutes les voix, même dissidentes, et à une grande démocratie d’idées comme on n’en trouve que rarement de nos jours. Je serai toujours très reconnaissante de l’opportunité qui m’a été donnée par Mélanie Joly de faire mes débuts en politique avec autant d’autonomie.
Faire mon entrée au premier Conseil municipal après les élections de novembre 2013 était quelque peu intimidant! D’abord à cause de la splendeur de la salle du Conseil de l’Hôtel de Ville dans laquelle se tiennent nos séances mensuelles; ensuite de me trouver entourée de 64 élus, dont plusieurs sont d’une grande expérience politique et d’une grande éloquence, devant lesquels je devais m’habituer à argumenter et à débattre mes positions. Mais la force de mes convictions, le fait de savoir que je portais au Conseil la voix de mon électorat, me rassurait que je n’étais pas là pour moi-même mais bien pour représenter les idées, les besoins, les rêves et les revendications de ceux qui m’ont élue m’a aidé à désassocier mon ego de ma présence au Conseil. Ceci m’a permis encore une fois une grande liberté d’expression, car quand on a la conviction de parler au nom de plusieurs, on est plus fort que quand on défend un intérêt ou une idéologie personnel. Chaque fois que je me lève pour m’adresser à mes collègues du Conseil, c’est le fondement de ma conviction et c’est ce qui soutient mon discours.
Quelques semaines après les élections municipales de novembre 2013, j’ai reçu un coup de téléphone de l’adjoint politique du maire, m’offrant un siège sur la Commission permanente des finances et l’administration. “Puis-je demander,” lui ai-je dit, hésitante, “Qu’est-ce qui me qualifie, selon Monsieur le maire, à siéger sur cette Commission?” “As-t-il lu mon c.v.?” me suis-je demandé intérieurement. Si oui, il aurait sûrement remarqué qu’il n’y a rien de très très “finances” là-dedans. L’attaché, ébahi, m’a répondu qu’il me rappelerait dans quelques minutes. Quand l’appel est venu, il m’a dit, tout simplement, “Si vous ne voulez pas le siège, on le donnera à quelqu’un d’autre.” Oh-là! “Non, non,” je me suis reprise, “Je le prends! J’étais tout simplement curieuse de savoir ce qui me recommandait particulièrement à ce poste.” “Monsieur le maire juge que vous avez les compétences nécessaires pour siéger sur la Commission permanente des finances et de l’administration.” J’ai compris – il ne l’a pas lu.
Avec le recul, cette nomination était une des meilleures opportunités qui aurait pu m’être offerte. Car, sur cette commission, nous étudions le budget et le Plan triennal d’immobilisations de l’agglomération de Montréal: c’est à dire, le nerf de la guerre! Nous rencontrons chaque service, chaque département de la Ville pour savoir comment sont dépensées les taxes municipales. Si je n’avais pas d’expérience en finances et administration avant de commencer, j’ai acquis depuis une compréhension des structures et une capacité d’analyse rapide qui me permettent de dénicher les éléments qui clochent, les endroits où un redressement serait souhaitable, les programmes à annuler ou à bonifier. Encore une fois, je me considère très chanceuse d’être tombée dans la Potion en quelque sorte!
Au courant de cette première année, je me suis fait reprendre plusieurs fois; parfois par manque de connaissance procédurale (“Mme. McIntyre, vous ne pouvez pas demander la parole pendant le chapitre des “Avis de Motion”, veuillez vous désinscrire du tableau, s’il vous plaît”!), parfois par manque de recherche ou tout simplement par manque d’expérience en débat. Si vous me voyez pendant la séance du Conseil, la tête basse, en train de pitonner sur mon téléphone, ce n’est pas parce que j’envoie des messages à mes amis! C’est parce que j’effectue des recherches de dernière minute avant de me lever pour argumenter ma position, ou parce que je cherche à rejoindre un collègue qui pourrait m’aider à trouver une information qui manque à mon argumentaire, ou encore pour tenter de gagner l’appui d’un collègue dans une autre formation.
M’adresser au Conseil est un privilège. Je m’efforce à avoir un discours juste et quand c’est possible, divertissant. Je me suis donné le défi personnel, lors de mon premier discours du budget en février 2013, d’intégrer du Latin (“Sicut erat in principio, et nunc, et semper, et in sæcula sæculorum” que j’ai employé pour décrire la continuité de la nouvelle administration avec l’ancienne) et de parler de l’amour: pas évident quand on traite d’un budget! Mais comme nous n’étions pas loin de la Saint-Valentin, j’ai utilisé une métaphore de l’amour pour parler de la distribution du budget vers les différents services: “Plus on aime, plus on chiffre”!
Bien sûre, siéger sur les commissions, participer aux séances du Conseil municipal ne sont qu’une partie de mon rôle; il y a une partie importante qui se passe en arrondissement, surtout dans les relations de confidence qu’on créé avec les citoyens et organismes du quartier. Je suis présente dans ma communauté, pas seulement aux événements et célébrations mais pour rendre visite aux commerçants de Roxboro, pour parler avec les parents amenant leurs enfants à l’école ou aux navetteurs prenant le train à chaque matin.
J’ai encore trois années de mandat devant moi, et j’ai très hâte de faire avancer des projets dont j’écrirai dans un prochain article. Mais pour l’année qui vient de passer, je suis très reconnaissante d’avoir un rôle à jouer dans ma communauté de Pierrefonds-Roxboro et auprès de la Ville de Montréal. J’ai déjà beaucoup appris sur le fonctionnement de la Ville et ma vision de l’avenir de notre ville se définit et s’approfondit davantage.
Je vous remercie de votre appui, et je vous assure de ma volonté ferme de continuer à représenter les intérêts de notre communauté, de nos citoyens, de notre ville.
Bravo pour ton implication et bonne continuité!
Une année fort riche pour toi. Et combien encore à venir… Bravo pour ton engagement citoyen !
J’aime beaucoup ton descriptif: “Les péripéties politiques d’une pianiste”.
Bonne route en politique !